Aux yeux. De la racine.
Au sommet, ça retombe.
Sueurs lourdes, rouges, glissant sur les branches jusqu’à la bouche.
Et la bouche mord.
C’est l’heure.
Pas le murmure, non, la morsure.
Violente. Pas la parodie du mysticisme.
Le crachat ingrat.
La gifle à la lumière crue.
Discordance, nous bêtes rampantes,
froides, chargées de siècles d’injustice.
Une aiguille aimantée par la colère.
Chaque geste tiré des entrailles.
Tout avait cet aspect halluciné,
ce carnaval noir qui enlace et étrangle l’écrit à l’image d’un rêve virant au cauchemar.
On espérait voir bientôt, dans un matin coupant,
ce vent de février qui n’a jamais aimé personne, surtout pas les rochers.
Les illusions sont mortes, nos os craquent encore,
il ne restait que notre carcasse.
Et leurs préparatifs n’étaient que rites creux.
Pense au couteau. Pense au poison.
Poussé là et crève seul dans ton recoin, à attendre des années durant.
Élèves dociles.
Petits soldats polis.
Futurs cadres ficelés.
Retraités ou recyclés aux yeux baissés.
Les nuances d’attendre la panne ou la guerre.
— Nuances, disais-tu ?
Refusez le désir étranger et faire face aux faits divers des crevés.
Les louanges, grâces, bonus ennemis.
Mensonges pour calmer sa peur, à coup de promotions.
Elle protège ses traîtres, génère ses ombres, polluants et médicaments.
Ces autres dents longues fissurées, griffes usées, acclameurs.
Et la structure idyllique d’un avenir radieux, les paradis artificiels débordent, des corps tombent en spirale et dans leurs bureaux de survivants des tableaux illuminent les profits.
Mais ne criez pas. Surtout pas. Ils réagissent aux bruits.
Faites-le dans le silence de votre besogne,
sans geste, sans signe, invisibles même à vous-mêmes.
Débranchez la prise, demandez l’heure, fuyez et refusez leur guerre.
Un jour, certains lèveront les yeux.
De la pourriture, spore de moisissure.
La colère ne retombe jamais.
Demain, dimanche, même vent, même mer.
Ciel bas, marée lourde, algues gluantes.
Ce soir, elle vous demandera pourquoi, un jour, on a livré le fruit encore chaud de son ventre.
Car moi je rêve encore d’un fou sublime,
assis sur le rebord d’une fenêtre.
Il connaissait toutes celles restées droites,
sous le feu, elles soufflaient, gardant les braises.
Elles tiraient les garçons happés.
Ça éclate les vieux regards. Flaques visqueuses des faux espoirs.
Ça arrache les gouttes après les gouttes, laissant vide une place aux vides.
Texte et images de Nicolas Vermeulin, accompagnés d’une composition sonore d’Olivier Labbé.
